Dans un monde où les organisations dépendent de plus en plus de prestataires externes, la gestion des risques liés aux tiers (ou Third Party Risk Management – TPRM) est devenue un enjeu stratégique. Hébergeurs, éditeurs de logiciels, sociétés de service, consultants ou encore fournisseurs de données : tous ces acteurs tiers sont aujourd’hui au cœur du fonctionnement des entreprises. Mais cette dépendance n’est pas sans risque.
Dans cet article, nous faisons le point sur les enjeux, les risques concrets et les bonnes pratiques pour garder le contrôle.
Pourquoi la maîtrise des risques tiers est-elle essentielle ?
Faire appel à des tiers est souvent une nécessité : cela permet de gagner en agilité, de rationaliser les coûts et d’accéder à des compétences spécialisées. Pourtant, externaliser signifie aussi partager ses responsabilités et s’exposer à de nouveaux risques.
Le RGPD et les sous-traitants
En vertu du RGPD, vous restez responsable des traitements confiés à vos prestataires. Une clause contractuelle incomplète ou un audit négligé peut donc vous exposer directement à des sanctions.
Parmi les principaux enjeux identifiés, on retrouve :
Les enjeux opérationnels : risque de rupture d’activité si le prestataire fait défaut.
Les enjeux financiers : coûts liés à un incident, amendes ou compensations.
Les enjeux réglementaires : conformité RGPD, DORA, NIS2, AI Act…
Les enjeux réputationnels : atteinte à l’image de l’entreprise en cas de scandale ou de fuite de données.
Un exemple marquant est celui de l’affaire Findus et du scandale de la viande de cheval, où l’opacité de la chaîne de sous-traitance a éclaboussé toute une industrie, au-delà du seul fautif.
96 % des organismes d’assurance externalisent au moins une fonction critique ou importante, selon l’enquête ACPR de 2023.
Les domaines les plus concernés incluent la gestion des contrats, la gestion des sinistres, les investissements, la gestion d’actifs ou les systèmes d’information (hors cloud).
Cette externalisation, si elle apporte flexibilité et expertise, accroît également la complexité du pilotage et les risques opérationnels.
Quels sont les principaux risques liés aux tiers ?
Risque de continuité d’activité
Si un prestataire critique cesse son activité ou subit un incident majeur, c’est votre capacité à servir vos clients qui est directement menacée.Risque cyber et fuite de données
La CNIL souligne régulièrement que nombre de violations de données proviennent de sous-traitants. L’exemple de la société Dedalus, impliquée dans une fuite massive de données de santé, en est une illustration forte.Risque réglementaire
Avec le RGPD, les entreprises restent coresponsables des traitements effectués par leurs sous-traitants. Des sanctions financières et réputationnelles lourdes peuvent en découler.Risque d’image
Être associé à un prestataire défaillant ou non éthique peut durablement éroder la confiance des clients et partenaires.
Cas Dedalus : une fuite de données médicales
En 2021, l’éditeur de logiciels Dedalus a été au cœur d’une fuite massive de données de santé de plus de 500 000 personnes.
Une faille de sécurité dans l’un de ses logiciels a permis l’exposition sur internet de plusieurs centaines de milliers de dossiers médicaux, incluant :
des comptes rendus médicaux,
des informations sensibles telles que le numéro de sécurité sociale,
des données d’identification et de suivi des patients. Les conséquences ont été immédiates :
📉 Perte de confiance des établissements de santé et des patients,
⚖️ Sanction de la CNIL, avec une amende de 1 500 000 euros,
📰 Médiatisation négative de l’affaire, qui a mis en lumière les failles de sécurité et de gouvernance des prestataires.
Ce cas illustre parfaitement que même si les données sont traitées par un prestataire externe, la responsabilité rejaillit sur l’organisation cliente. Les hôpitaux et laboratoires utilisateurs du logiciel ont été directement mis en cause par leurs propres patients, malgré le fait que la faille provenait du sous-traitant.
👉 Leçon à retenir : externaliser une activité critique ne dispense pas de vérifier régulièrement les mesures de sécurité et de conformité mises en place par ses prestataires.
Les piliers d’une gestion efficace des risques tiers
1. Cartographier et connaître ses tiers
Il est essentiel d’identifier l’ensemble des prestataires et leurs sous-traitants, en particulier ceux qui interviennent sur des activités critiques. Une cartographie exhaustive permet de :
visualiser les dépendances,
classer les tiers selon leur criticité,
repérer les zones d’opacité dans la chaîne de sous-traitance.
2. Mettre en place une gouvernance claire
La gestion des tiers ne peut pas être portée uniquement par la direction juridique ou le DPO. Elle doit impliquer :
la direction générale,
les directions métiers,
les achats, la conformité et la sécurité informatique.
Un comité de pilotage régulier, adossé à des procédures formalisées, est un levier clé.
3. Formaliser les relations contractuelles
Chaque relation avec un tiers critique doit être encadrée par un contrat robuste comprenant :
des clauses de conformité réglementaire (RGPD, Sapin 2, DORA…),
des exigences de sécurité,
des obligations d’audit et de reporting.
Les 4 questions à poser à un prestataire avant de signer
Où sont stockées vos données ?
Quels sous-traitants utilisez-vous ?
Pouvez-vous fournir un audit de sécurité récent ?
Comment gérez-vous les incidents de sécurité ?
4. Auditer et contrôler régulièrement
Les audits et questionnaires réguliers sont indispensables pour vérifier que les engagements pris sont respectés. L’enjeu n’est pas seulement documentaire : il s’agit de disposer de preuves tangibles en cas de contrôle.
5. Convaincre la direction avec des indicateurs
Pour obtenir les moyens nécessaires, il est crucial de démontrer que :
prévenir coûte moins cher que subir (coût d’un incident vs. coût de la mise en conformité),
la rationalisation du portefeuille de prestataires peut générer des économies,
un suivi de performance permet de sécuriser la qualité du service.
6. Avancer pas à pas
La mise en place d’un dispositif de TPRM ne se fait pas du jour au lendemain. Une démarche progressive, débutant par la cartographie des tiers critiques, est la plus efficace et réaliste.
Schéma récapitulatif :
Vers une conformité durable et stratégique
La multiplication des réglementations (RGPD, DORA, NIS2, AI Act, etc.) pousse les organisations à aller plus loin que la simple gestion contractuelle. Maîtriser les risques liés aux tiers, c’est désormais :
renforcer la résilience opérationnelle,
protéger son image et sa réputation,
assurer la conformité aux obligations légales,
créer un climat de confiance durable avec ses clients et partenaires.
En somme, la gestion des risques tiers n’est pas seulement une contrainte : c’est une condition sine qua non de la performance et de la pérennité des organisations modernes.
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